Nous sommes ravis de vous présenter notre entretien exclusif avec Nils Allègre, une figure emblématique du ski alpin. C’est avec une immense fierté que nous avons eu l’opportunité de discuter avec lui et d’en apprendre davantage sur son parcours, ses ambitions et sa vision du ski. Un grand merci à Nils pour sa disponibilité et sa générosité envers nos lecteurs.
Lire notre article précédent : Conseils d’un moniteur de ski : Comment préparer son corps pour la saison de ski ?
Bonjour Nils, merci de nous accorder cette interview. Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours et comment tu es arrivé au haut niveau en ski alpin ?
« Mon parcours est assez classique pour un skieur. Né à Briançon dans une famille qui pratique le ski (mon père était à l’époque entraîneur au Club de Briançon), je suis monté sur les planches jeune (2 ans). J’ai intégré le ski club de Briançon avec mon père jusqu’en catégorie Benjamin puis j’ai changé pour le club de ski de Serre Chevalier. Essentiellement pour rejoindre mes copains de l’époque mais aussi pour pouvoir faire quelques stages de ski à l’automne. À 16 ans le comité, puis le groupe coupe d’Europe de la FFS. Et là… j’ai pris mon temps on va dire. J’ai stagné pendant près de 7 ans dans ce groupe jusqu’à ce que je change de matériel (Salomon) et rencontre mon préparateur mental. À ce moment-là j’ai eu un déclic et j’ai commencé à monter sur le podium en coupe d’Europe. J’intègre le groupe coupe du monde vitesse après une bonne saison : 3 tops 30 en WC, 2 podiums en CE et 2 titres de champion de France (ndlr : WC = coupe du monde, CE = coupe d’Europe). Depuis j’ai eu une progression constante malgré une saison 21-22 décevante suite à des problèmes physiques (2 opérations). Je suis remonté la saison dernière au 12e rang mondial en super G et obtenu le titre de champion de France de super G. Jusque-là ma meilleure perf reste une 4e place en coupe du monde. Une 7e place aux championnats du monde de descente et une sélection aux Jeux Olympiques. »
Quelle est ta discipline favorite entre la descente et le super-G et pourquoi ?
« Je prends beaucoup de plaisir dans les deux mais il est vrai que le super-G me procure une énergie et une tension particulière au départ. C’est un one shot et on doit faire confiance en 100% à sa visualisation. Je suis plus taillé pour le super-G, le rayon de courbe me correspond mieux. Mais rien ne remplace l’adrénaline d’une descente sans doute… »
Quels sont tes objectifs pour la prochaine saison ? Y a-t-il une compétition en particulier que tu vises ?
« La continuité de la saison dernière. J’ai montré que j’étais régulier dans les 15 et parfois dans les 10. À moi d’aller chercher devant. J’ai une dernière marche que je n’ai pas atteinte pour l’instant, et j’y pense à chaque entraînement.
Aimer toujours autant le ski, le sport, le dépassement, l’engagement et la vie de groupe. »
Comment te prépares-tu mentalement et physiquement avant une grande course ?
« Avant la course, on se contente de gérer les petites douleurs physiques. Pour ma part c’est beaucoup de gainage et renforcement du dos pour rendre mon dos solide (opéré en 2017). C’est un travail constant. On a souvent besoin de récupérer de l’entraînement de descente de la journée donc un petit travail aérobie est nécessaire et parfois quelques jeux de réactivité, appuis-vitesse. Pour le mental tout dépend de mon état du moment, si je suis en pleine bourre où dans un moment plus sensible. Mais j’essaie de m’apaiser au maximum, d’être calme, ce qui n’est pas toujours évident, surtout pour moi qui suis d’un naturel anxieux. »
Le ski est un sport exigeant. Comment gères-tu la pression et les attentes, surtout lors des grands événements ?
« Au début c’était presque facile car les gros jouaient les médailles (Adri et Yo – ndlr : Adrien Théaux et Johan Clarey), moi j’étais là pour prendre de l’expérience. Sauf qu’à un moment toi aussi tu es là pour performer car tu es dans la force de l’âge. J’avoue que j’ai du mal à gérer les encouragements, les proches qui se déplacent et tout le reste. Mais de l’autre côté ça peut me donner un supplément d’âme. Ce dont j’ai besoin c’est un socle solide avec ma famille, ma chérie, mes amis de toujours et mon préparateur mental. »
As-tu des conseils à donner aux jeunes skieurs qui aspirent à suivre tes traces et à atteindre le haut niveau ?
« Aimer le ski, aimer la vie de groupe, être conscient que l’on a beaucoup de chance et se donner à fond à chaque entraînement en respectant ceux qui sont là pour toi. Mais ils n’ont sans doute pas besoin de moi ! »
Enfin, comment vois-tu l’avenir du ski alpin en France ? Penses-tu que la nouvelle génération est prête à relever les défis ?
J’ai déjà assez à faire avec ma carrière ! Ça c’est le boulot des entraîneurs et de la FFS. Mais je serai toujours là pour donner un coup de main à un jeune qui me le demande du moment qu’il n’a pas la grosse tête !
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers Nils Allègre pour le temps qu’il nous a accordé et la sincérité de ses réponses. De la part de toute l’équipe de moniteurdeski.fr, nous lui adressons nos remerciements les plus chaleureux et lui souhaitons tout le meilleur pour la saison 2023-2024.
Mathias ou Le Moniteur De Ski sur les réseaux sociaux et ma chaîne YouTube. Moniteur National de Ski Alpin, diplômé depuis 2021, passionné par ce sport depuis mon enfance, j’ai grandi dans une famille de skieurs : mon grand-père a appris à skier à des centaines d’enfants, mon père et mon oncle aussi moniteurs de ski enseignent toujours, et j’exerce moi-même cette belle profession avec enthousiasme et plaisir quotidien.
Nickel.. superbe interview… sincères vérités .. merci Nils et bonne chance pour la saison à venir…et bravo à l’interviewer..
Merci Michel ! à bientôt 🙂